Haïti face aux Objectifs de Développement Durable



Haiti - ODDs 2030 : cas des trois premiers objectifs 


Crédit: Samuel Jean Baptiste

         Comme tous les pays membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Haïti a déjà signé plus d’une dizaine de documents internationaux avec généralement des contenus très contraignants et pour la plupart du temps ignorés des signataires. On peut citer : la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, ratifié par Haïti. Mais celui qui nous intéresse dans le contexte de cet article est « les Objectifs de Développement Durables, 2015-2030 ». On n’en parle presque pas en Haïti, du moins, on n’en sait pas grand-chose, alors que c’est un sujet qui devrait interpeller tout le monde par rapport aux défis que doit faire face notre planète.


        En 2000, les Nations Unies, dans une haute assemblée des états membres, avaient produit des réflexions sur des problèmes qui rongent la planète terre. En effet, ils ont adopté une résolution portant sur des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Ils étaient au nombre de huit qui prirent fin en 2015. Le monde évolue, de nouveaux problèmes naissent. L’ONU se trouve dans l’obligation d’y tenir compte. C’est pourquoi les états membres ont adoptés à nouveau les 17 objectifs de développement durable en 2016 en vue d’aider les peuples les plus vulnérables, et du coup pour essayer de rendre plus vivable l’humanité. Toutefois, l’on pourrait se questionner sur la domination, l’ingérence et l’assistanat dont sont l’objet les pays dans lesquels sont mis en oeuvre cette politique internationale.

        En effet, le 25 septembre 2015, un nouvel ensemble d'objectifs mondiaux pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous, a été adopté dans le cadre d'un nouveau programme de développement durable. Ces objectifs s’étendent sur une période de quinze ans, soit d’ici 2030, afin de voir les résultats escomptés. Si le débat se fait à la longueur de journée sur ces objectifs, en Haiti, l’on s’acharne à parler uniquement de changement pendant que les jeunes ne font que fuir le pays. Cet acharnement occulterait le débat sur les véritables problèmes mondiaux auquel fait face l’humanité, dont fait partie Haïti. À cet égard, l’on peut se demander quelles sont les actions concrètes posées par l’Etat Haïtien en vue de s’aligner et travailler à l’atteinte de ces objectifs. Mais, avant d’étayer un petit plus sur la position d’Haïti, il est important de regarder en grand plan les 17 objectifs durables 2030 avec un petit commentaire sur chaque objectif en Haïti afin de voir si oui ou non, elle aborde la question dans la même direction que les ODD-2030. Car pour que les objectifs soient atteints, chacun doit remplir sa part du lot : gouvernement, secteur privé, société civile, population. Faisons une analyse comparative des trois premiers objectifs et la réalité haïtienne.


Objectif premier : Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde


Pour éliminer la pauvreté sous toutes ses formes dans le monde, chaque Etat doit prendre des mesures idoines. Quelle est la réalité en Haiti actuellement ? L’on sait la misère outrancière qui sévit dans le pays. Depuis plusieurs décennies, Haïti, dans tous les rapports, est classé comme le pays le plus pauvre de l’Amérique. À nos jours les signes semblent montrer que nous nous accrochons bien à ce patronyme, car les indices de pauvretés se multiplient vertigineusement. La misère est écrite en lettre d’or sur le front des gens, qui vivent exclusivement dans les quartiers démunis, et la tendance tend à démontrer que presque tous les quartiers sont démunis. La misère est partout, il n’y a presqu’aucune différence à établir entre les « bidonvilles » et les quartiers dits résidentiels. Sachant que la pauvreté ne renvoie pas nécessairement à l’aspect économique mais y a-t-il un seul aspect sur lequel Haïti pourrait tenter de réduire la pauvreté ?

Il faut rappeler que certains pays où l’extrême pauvreté ou la pauvreté est criante étaient des pays colonisés, pillés par ceux qui entendent aujourd’hui faire des dons humanitaires. Le doute demeure encore de savoir si ses pays (prédateurs) souhaiteraient mettre fin à la misère du monde pendant qu’ils enrichissent à partir de cette misère.

Objectif 2 : Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable

        Aujourd’hui, le monde, fonctionnant sous le seuil du système économique capitaliste, produit plus de ce qu’il a besoin pour nourrir les humains. Mais pour des raisons diverses, il y a toute une rareté qui laisse mourir des gens par milliers dans l’extrême pauvreté. L’on peut se demander si véritablement les grandes puissances, dans leur politique étrangère et humanitaire, manifesteraient la volonté d’éliminer la faim. La faim ne saurait être éliminée en s’appuyant sur l’importation. Comment éliminer la faim lorsque plus de 80% de ce que nous consommons est issu de l’exportation ? Dans notre cas, on ne peut assurer la sécurité alimentaire qu’en promouvant l’agriculture. Non pas une agriculture de subsistance. Non pas une agriculture centrée sur la petite exploitation paysanne de faible productivité, mais une agriculture industrielle, commerciale. Et même à ce niveau, on peut questionner les soient disant rapports commerciaux entre Haïti et les autres pays. Des rapports à sens unique où seulement les frontières haïtiennes ne peuvent s’ouvrir que pour recevoir des tas de produits issus d’autre pays. L’on sait que même avec le pays voisin, le plus proche dont la frontière n’est pratiquement qu’une bande de terre, il n’y a pas des accords commerciaux loyaux et Haïti est l’unique perdant. Comment atteindre cet objectif alors que 47 % des haïtiens sont sous - alimentés ?



Objectif 3 : Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge


Selon Paul Fammer, professeur à l’Université Harvard, cité par Loop News : « 13 % des médecins noirs aux USA est haïtien et ont été formés en Haïti ». Les médecins partent parce que le salaire qu’on leur offre est insignifiant et les conditions de travail indignes. La réalité est criante à ce niveau avec en moyenne seulement 6 professionnels de santé environ pour 10 000 habitants à en croire les statistiques de 2009 alors que l’OMS en recommande 25 pour 10 000 habitants. Lorsqu’on pense montant insignifiant de 4, 39 % du budget national alloué à la santé pour l’exercice 2016-2017 et moins de 10 % pour l’exercice en cours, alors que 80 % des dépenses de fonctionnement de la faculté de médecine d’Haïti dépende des dons internationaux et locaux. Voilà pourquoi l’accès aux soins de santé est un luxe. Les hôpitaux sont en effectif faible alors que le peu qu’il y en a n’est pas équipé en intrants et en personnel qualifié. Les hôpitaux sont souvent en grève. C’est comme une sorte de sanction que reçoivent les pauvres, car tomber malade dans le contexte haïtien semble un pécher.

Et au sujet du bien-être ci-mentionné dans le contexte haïtien, ça reste une utopie, un rêve. Comme a dit l’autre : « il n’est pas encore interdit de rêver », et même, dit-on, d’espérer. Et l’on serait résilient à forcer de penser qu’un jour les seraient autrement. Haïti fait face à la misère tout en espérant de voir changer les choses où tous ses fils et toutes ses filles puissent y vivre décemment. Un temps qui n’est pas proche si ses dirigeants poursuivent dans cette voie qui l’a conduit tout droit vers l’abîme.


Et les autres objectifs ? A venir…












Didley Bien-Aimé


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